Auteur : Stéphane Bellocine
Le risque semble être une notion phare qui s’est glissée dans tous les domaines de la vie économique, sociale, politique et même personnelle à notre époque postmoderne.
Prenons quelques exemples : dans le domaine des libertés, le risque de dérive antidémocratique de nos institutions et/ou de celles de l’Europe et de sa représentativité est ausculté au plus près par les contre-pouvoirs de la République.
Dans celui de la santé, les experts et politiques s’attachent à définir jusqu’où on peut aller pour préserver les citoyens sans mettre en péril la croissance. C’est là une équation d’équilibriste, il faut considérer des enjeux socio-économiques contradictoires et faire la part des choses de façon souvent hypocrite. Ca a notamment donné naissance au principe de précaution.
Dans le domaine personnel, personne ne peut aujourd’hui prétendre avoir de l’ambition en matière professionnelle, ou dans un poste à haute visibilité et exposé, sans considérer les risques sur sa santé, sa vie personnelle etc…
Nous allons ici développer le volet économique du Management du risque.
Le risque est une notion un peu abstraite et qui se retrouve dans tous les secteurs de l’économie.
L’économie de la connaissance et de l’innovation, qui impose de faire des paris sur l’avenir, d’investir voire de favoriser l’émergence de nouveaux marchés. Il y a bien sûr le risque de se tromper de modèle, de cible, de technologie…
L’économie durable : celle-ci se caractérise par le développement de moyens de production, de transports et de consommation écologiques. Il y a un double défi. D’abord celui de trouver des sources d’énergie non polluantes qui répondront à la demande. Ensuite, une fois que ce sera fait, il faudra être sûr de bien considérer l’ensemble des contraintes comme l’empreinte écologique de tous les processus de transformation sur toute la chaîne de valeur depuis la production jusqu’à la distribution. En incluant le devenir des déchets, sans cela on risque de se retrouver dans un écosystème pire que celui dont on a voulu s’affranchir.
L’économie solidaire : c’est un modèle très spécial, basé sur le partage et le bénévolat, voire l’altruisme. Il ne peut fonctionner que grâce à une discipline stricte, à des valeurs de respect et d’effort équitablement réparti. Le risque de se tromper sur les motivations des uns et des autres mettrait en péril son équilibre économique.
Enfin ne pas oublier le vieux secteur industriel, qui est encore là pour un moment. Le risque réside ici purement et simplement dans la survie du secteur, de ses emplois, de ses marchés. La survie repose sur sa capacité à s’adapter, sa souplesse et sa résilience fonction de la concurrence et des nouveaux modes de consommation.
Attachons-nous d’abord à le définir le risque : l’objectif d’une organisation ou d’une entreprise est d’assurer la pérennité de ses revenus, de sa rentabilité. Et donc de garantir l’accès à ses marchés, fournisseurs et distributeurs, comme de fidéliser ses clients.
Dans une économie mondialisée et très connectée, le client est rarement captif. Le risque est donc bien de manquer de l’agilité nécessaire afin d’anticiper le changement, qu’il soit technologique ou sociétal.
Il est donc nécessaire de manager ce risque.
Cela nécessite des investissements. Mais afin qu’ils ne se transforment pas en puits sans fond, il faut aussi sans cesse améliorer la rentabilité interne, en optimisant les processus opérationnels et en renouvelant les outils de travail.
Le Management du risque revient à faire un calcul de coûts.
C’est là la clef de tout. Ce calcul des coûts est l’alpha et l’oméga de l’économie de marché.
Alors, comment peut-on calculer les coûts ? Et de quels coûts s’agit-il ?
A y regarder de plus près, on se rend compte qu’il s’agit essentiellement de l’incertitude sur des grandeurs endogènes comme exogènes à l’entreprise.
L’incertitude résulte de la complexité des phénomènes qui régissent l’économie moderne, complexité dûe à leur imbrication: phénomènes géostratégiques agissant sur le prix des matières premières, enjeux sociétaux déterminant le comportement des consommateurs, accélération rapide du phénomène d’obsolescence des technologies …
Diminuer cette incertitude est la meilleure manière de manager le risque.
Cela nécessite avant tout une bonne organisation logique de l’entreprise et de ses métiers et processus.
Il faut bien comprendre que pour bien manager le risque il faut être en bonne santé. Sinon cela ne sert à rien. C’est comme faire courir le marathon à un malade, en lui administrant des antidouleurs dont on sait qu’ils lui permettront de tenir un temps, jusqu’à l’accident irréversible.
Il est bien sûr préférable de concourir en tant que valide et de s’entretenir pour le rester.
Pour diminuer l’incertitude, il faut enfin être capable d’analyser le passé afin de mieux choisir les stratégies d’avenir. C’est ce que font les grands politiques.
C’est le principe de l’itération, qui est à la base du calcul arithmétique et de l’informatique depuis toujours.
On a d’abord réalisé des logiciels permettant de produire, logiciels qui nécessitaient régulièrement des montées de versions ; c’était là un modèle trop réactif qui ne permettait pas l’anticipation ni l’innovation.
On est ensuite passé à du semi-collaboratif, avec des logiciels qui permettaient à plusieurs experts d’intervenir et d’améliorer des briques en changeant le paramétrage. L’innovation était plus rapide.
Aujourd’hui on est passé à du collaboratif temps réel, entre experts ou non. Ce qui permet à l’entreprise de modifier ses processus, de réagir très vite sur des problématiques internes et de lancer des projets utiles qui ne sont pas imposés par une hiérarchie.
Enfin, l’avenir appartient à l’intelligence artificielle, c’est-à-dire aux logiciels capables d’analyser de grandes quantités de données et de croiser leurs sources afin de comprendre comment elles ont été générées. Ces logiciels pourront aussi bâtir des modèles en temps réel, qui seront modifiés au fur et à mesure que les données qu’ils exploiteront en continu viendront affiner ces modèles.
Tout ceci permettra de prédire le comportement de systèmes précis, de segments de clientèles dans des conditions bien définies.
On est à l’intersection du Big Data et des modèles probabilistes évolués.
Stéphane Bellocine
Odysseus Conseil
Ingenieur Spécialiste Télécoms
Entrepreneur Innovation & Intelligence artificielle
The notion of risk seems to be a major one that crept in all areas of economic, social, political and even personal domains in our postmodern era.
Let’s consider some examples: in the field of freedoms, the risk of anti-democratic drift of our institutions and / or those of Europe and its representativeness is closely watched by some institutions keen on maintaining a proper balance of powers in the Republic.
In the health sector, experts and political endeavor to define how far we can go to protect citizens without jeopardizing growth. A tough balance needs to be found, considering contradictory social and economic issues. In particular, the French government invented “the caution principle”, preventing some products to be introduced on the market if they have not been proved as safe.
In the personal realm, nobody today can claim to have ambition in professional matters or in a high-profile position without considering the risks to their health, personal life …
Here we develop the economic component of Risk Management.
Risk is a somewhat abstract concept and is reflected in all sectors of the economy.
• The Innovation & Knowledge economy, which requires to make bets on the future, to invest or promote the emergence of new markets. There is of course the risk of promoting a wrong model, choosing the wrong target or technology …
• The Sustainable economy: it is characterized by the development of environment-friendly ways of production, transportation and ecological consumption. There is a double challenge.
The first one consists of finding non-polluting energy sources that will meet demand. Then once that is done, we have to be sure we consider all the marks of the ecological footprint of the transformation processes throughout the value chain from production to distribution, including the fate of waste, otherwise we will risk ending up in a worse ecosystem as the one we wanted to overcome.
• The Solidarity economy of sharing : it is a very special model, based on sharing and volunteering, even altruism. It can work only through strict discipline, respecting specific values and equitably distributed effort. The risk of mistaking the motivations of everyone involved with anything that happens to be wrong would threaten its economic stability.
• Finally, let’s not forget the old industrial sector, which is still there for a moment. The risk here lies simply in the survival of the sector, its jobs, its markets. The survival depends on its ability to adapt, on its flexibility and resilience according to the nature of competition and new consumption patterns.
Let’s try now to define the risk. The goal of an organization or a company is to ensure the sustainability of its revenues and profitability. And this in order to guarantee access to its markets, suppliers and distributors, as well as improving customer loyalty.
In a globalized and highly connected economy, the customer is rarely captured. The risk is therefore to lack the agility to anticipate change, whether technological or societal.
It is therefore necessary to manage this risk.
This requires investment. But it is also necessary to constantly improve internal efficiency, optimizing business processes and renewing working tools.
The Risk Management finally comes down to a calculation of costs.
This is the key to everything. This cost calculation is the ins and outs of the market economy.
So how can we calculate the costs? And what costs is it about?
If we look more closely, we realize that this is essentially the uncertainty of endogenous as well as exogenous variables to the company that create the urgency of Risk Management.
The uncertainty arises from the complexity of the phenomena that govern the modern economy, due to the complexity of their imbrication: geostrategic phenomena impacting market prices, societal issues determining consumer behavior, fast acceleration of obsolescence of technologies …
Reducing this uncertainty is the best way of managing risk but also of making Friedrich von Hayek’s famous statement become untrue: “all costs calculations are done with human lives”
Managing risks requires above all a good logical organization of the company, its businesses and processes.
It is also key to be in a healthy condition. Otherwise it is useless. It would look like running a marathon, while being half sick, and just getting painkillers to prevent collapsing at once until the irreversible accident.
It is of course better to compete as a valid and try to remain so.
To reduce uncertainty, it is crucial to be able to analyze the past to better select future strategies. This is what the great politicians do.
This is the principle of iteration, which is the basis of arithmetic and computer science since….the beginning.
It was first made to produce software, software that regularly requires new upgraded versions.
But that was a too reactive model that did not allow anticipation or innovation.
We then moved on to a semi-collaborative model with software that allowed several experts to intervene and improve the bricks by changing the setting. Innovation was faster.
Today we moved to a real time collaborative model. This allows the company to change its processes to respond quickly to internal problems or initiate meaningful projects that are not imposed by a top-bottom management line.
Finally, the future belongs to artificial intelligence…A world where software will analyze large amounts of data and cross their sources to understand how they are generated. These software will also build models in real time, which will be modified on a regular basis when the data they continuously use will themselves reshape these models just to making the software able to think how it can learn better.
All this will predict the behavior of specific systems, of customer segments in well defined conditions.
It is at the intersection of Big Data and advanced probabilistic models….and it will prove F von Hayek wrong….at last