Compte-rendu Golden-Share du 27 février 2003
« Créer l’environnement favorable aux entreprise technologiques de demain »
Maurice KHAWAM, Président de l’IE-Club et Managing Director ETF Group France, a introduit la rencontre en rappelant que la création d’une infrastructure légale, fiscale, technologique, financière et tout simplement incitative à l’innovation représente une problématique importante ; pour que nos jeunes entreprises innovantes deviennent demain des leaders européens.
Du point de vue gouvernemental cette préoccupation se traduit par le projet RESO 2007, annonce Laurent SORBIER, conseiller technique en charge de la Société de l’information au Cabinet du Premier Ministre. La conviction de départ était simple, pour que la société de l’information avance il fallait libérer l’énergie des grands acteurs du secteur et faire en sorte que la France propose un terreau plus favorable à son vivier d’entreprises technologiques. Outre les projets de loi, dont celui sur l’économie numérique qui a été adopté en première lecture à l’assemblée la veille, des mesures constructives d’un nouvel environnement seront prises ; en tout premier lieu le développement de la couverture haut-débit. En effet la démocratisation de l’ADSL (déjà 500 000 abonnés supplémentaires au dernier trimestre 2002) et un réel « aménagement numérique du territoire » permettront le développement d’une solide économie numérique. Le plan Dutreil sur l’initiative économique et les projets de lois de Claudie Haigneré et Nicole Fontaine témoignent également de cette volonté. Le gouvernement a voulu privilégier une approche pragmatique et « terrain » en synergie avec les grands acteurs du domaine pour faire en sorte, qu’ensemble, la France devienne le pays le plus entrepreneur, non seulement avec ses ressources nationales mais aussi en attirant des étrangers à horizon 2007. Les 64% de progression de l’e-commerce l’an passé et notamment la prise de part de marché à la VPC sont un signe tout a fait optimiste estiment les analystes de Matignon.
Face au problème du recensement des réseaux les FAI et autres « travailleurs de l’Internet » (équipementiers, opérateurs…) doivent être aidés par le gouvernement. Il y a une réelle nécessité de mesurer l’offre, 100mB pour tout le monde apparaît utopique.
Il conclura sur le fait que l’on assiste aujourd’hui à un regain d’énergie et à une re dynamisation du secteur que l’on pourra observer lors de la Fête de l’Internet du 17 au 23 mars prochain.
Une approche terrain c’est ce que propose Jean-Michel BILLAUT avec le projet « Pau Broadband Country ». Une idée germée sur trois constats simples :
- la nécessité d’avoir en France un endroit avec un réel accès au très haut débit (sur le modèle des pays nordiques par exemple)
- les problèmes liés à cette restriction de « vitesse » : créativité bridée, impossibilité d’aller au bout de ses idées…
- le changement amorcé dans le management des télécommunications avec l’apparition du mega-ethernet et pourquoi pas dans un avenir proche la fibre optique à domicile.
L’application du projet à toute la France est ambitieuse mais à terme souhaitable d’après M. Billaut, les élus devraient réagir aujourd’hui pour conserver leurs entreprises et « la France devrait faire son New-Deal ». L’infrastructure est primordiale pour le développement économique.
Pour Michael BOUKOBZA, il semble culturellement difficile d’appliquer le projet « Pau Ville Numérique ». Fort de son expérience de Directeur Général Adjoint d’Iliad-Free, il précise que bien que la collectivité locale ait un rôle significatif ce sont les entreprise privées qui doivent travailler au développement des applications multimédias. L’aménagement des zones semi-rurales et rurales restant un point d’ombre à cause des prix prohibitifs du génie civil et de la privatisation des réseaux SNCF qui auraient éventuellement pu accueillir le câblage.
La concurrence a permis le développement d’Internet mais l’ART retire les licences au fur et à mesure, et on est en droit de se demander si le secteur ne va pas se retrouver dans le même cas de figure que le marché des Télécoms dont l’ouverture à la concurrence a été un échec total. M. Boukobza demande un nouveau geste des pouvoirs publics : diminuer ou annuler les frais d’accès haut débit de France Télécom.
Eddie Misrahi, Directeur Associé Apax Partners, semble sceptique face au projet de M. Billaut. Il tiens à rappeler par exemple que la France est le pays européen qui a le plus faible taux d’installation de TV cablée, alors de là à installer du très haut débit et de la fibre optique pour le grand public… Les projets du gouvernement lui paraissent beaucoup plus concrets et le rassure sur le développement à long terme du haut-débit.
L’« industrie du venture capital » est nécessaire au développement du haut débit, le marché européen est performant mais à l’échelle française les preuves restent à faire.
« Les infrastructures sont inadaptées et le haut-débit n’est pas nécessaire » enchainera Jean-Pascal Tranie, Managing Director Viventures, prenant à cœur son rôle de « trouble fête ». Il insitera également sur le fait que l’on devrait répondre à une demande avant d’en créer une. Il fonde beaucoup d’espoir dans le Wi-Fi en quoi il voit une réponse au projet avorté de l’UMTS.
Il posera plus tard la question à Laurent Sorbier de la fracture numérique et des idées du gouvernement sur ce phénomène
Une question d’Alain Bernard, PDG de Prosodie, sur la propriété intellectuelle et industrielle (est-ce une erreur historique ?) ouvrira le débat et sera reprise par Jean-François Grenon, Président de Vectrad, pour qui les nombreux dépôts de brevets sont indispensables et garants d’une recherche toujours plus avancée.
Maurice Khawam a repris la parole pour conclure ce débat de 2h en mettant en avant la formidable opportunité qu’offrait aujourd’hui l’Europe à nos entrepreneurs, qui en se calquant sur les modèles américains seront demain des leaders mondiaux. Il soulignera également l’optimisme du message de Laurent Sorbier et abordera un coté non abordé : le statut de l’entrepreneur qu’il souhaiterait voir reformer pour permettre de « rebondir » après une fin d’aventure.
Enfin il sera proposé de créer un groupe de réflexion pour rassembler et fédérer les acteurs autour du projet de l’agglomération de Pau, pour qu’elle devienne une réelle opportunité pour les entrepreneurs et investisseurs.